Au travail !

(études d'ouverture, finale,..)

 

 

Du côté obscur
Finales de pions
La paire de fous
L'isolaïni

Gambit Morra accepté

 

 

 

 

LA PAIRE DE FOUS

Par John

" Les deux fous sont et restent définitivement pour moi une sorte d'arme" (A.Nimzowitsch).

 

La paire de Fous est pour nous un concept délicat. En effet, il existe un grand nombre de types de positions où les deux fous sont un avantage; qu'ils soient opposés au couple fous + cavaliers ou au couple cavalier + cavalier. Mais nous rencontrons également dans la pratique du jeu, des positions où les deux fous ne donnent aucun avantage, et même des positions où les deux cavaliers sont plus forts que les deux fous.

L'objectif de cette étude, est d'apprendre à reconnaître les cas où la paire de fous donne un avantage et réciproquement. Pour atteindre ce but, nous nous proposons de sélectionner un certain nombre d'exemples tirés de la pratique, de les analyser, et d'essayer d'en tirer les conclusions.

Enfin, nous essaierons en dernier lieu d'apprécier la valeur du concept de la paire de fous dans l'ouverture, c'est-à-dire dans la perspective de la lutte pour le contrôle des cases centrales.

Tout d'abord il convient d'expliquer pourquoi la Paire de Fous peut dans certaines positions être un avantage par rapport au couple fou + cavalier ou au couple cavalier + cavalier. Pour comprendre cela, il faut au préalable comparer le fou au cavalier: quels sont les avantages et les inconvénients respectifs du fou et du cavalier?

Le fou qui a un long rayon d'action est capable d'agir en même temps sur les deux ailes de l'échiquier, ce que peut faire le cavalier qui a la démarche courte. Par contre le cavalier est capable de contrôler aussi bien des cases blanches que des cases noires, alors que le fou ne contrôle que des cases d'une même couleur.

En conséquence, le fou sera généralement supérieur au cavalier dans les positions où chaque camp possédera un (ou plusieurs) pion passé soutenu par le roi.

Fous et cavaliers

Supériorité du fou au long rayon d'action, sur le cavalier qui manque d'air. Mais les noirs étaient également perdus si leur cavalier était en c3 ou d4 ou encore en f8. (Nimzowitsch)

Grâce à son long rayon d'action le fou peut agir en même temps sur les deux ailes. Pour les mêmes raisons le fou est supérieur au cavalier dans les positions où chaque camp possède une majorité opposée.

 

Capablanca Jose Raul (CUB) - Corzo J
Habana (Cuba), Match, 1901

31.Rh5 Ce6 32.Rh6 Rf8 33.Ff5 Cg7 34.Fc8 b6 35.g6 d4 36.b3 Rg8 37.a4 La majorité noire est maintenant handicapée. 37....Rf8 38. Fg4 Ce8 39.Rh7 Cg7 40.Rh6 Ce8 41.Fe2 Cg7 42.Fc4 Grâce à son long rayon d'action, le fou agit sur les deux ailes. 42....Ce8 43.Rg5 Re7 44.Rf5Cg7+ 45.Re5 Ch5 46.Fe2 Cg7 47.Rd5 Re8 [47...Rd7 pour empêcher les blancs de passer à l'aile dame, alors après 48.Fg4+ le roi blanc s'introduira soit à l'aile- dame soit l'aile- roi, en fonction du coup choisi par les noirs. ] 48.Rc6 Fg7 49.Rb7 Rd6 50.Ra7 Rc7 51.Ra6 Ce8 52.Ff3 Cg7 53.Fd5 Ce8 54.Ff7 Cg7 55.Rb5 Cf5 56.a5 Cd6+ 57.Ra6 ba 58.g7 et les noirs abandonnèrent. Le cavalier est surchargé par le jeu sur les deux ailes. [1: 0]

Par contre, en l'absence de jeu sur les deux ailes, l'avantage du fou perd de son importance, et son défaut peut se faire ressentir.

 
Le diagramme n° 3 représente un cas extrême, les blancs succombent à cause de leurs faiblesses sur les cases blanches.

 diagramme n°3

1...Ca5+ 2.Rc3 Ra4 3.Ff2 Cc6 4.Fe3 Ca7 5.Ff2 Cb5+ 6.Rd3 Rb3 les noirs donneront échec en b4 ou b2 ce qui permettra au roi de s'emparer de la case c4. (A. Nimowitsch)
 
On comprend mieux maintenant, pourquoi les deux fous peuvent devenir une arme redoutable. L'un remédie au défaut de l'autre, en unissant leur action, ils contrôlent les cases blanches et les cases noires, et ils conservent leur avantage, à savoir leur long rayon d'action.
 

Herb Pascal (FRA) - Speelman Jonathan S (ENG)

France, Ch France (team), 1992

L'intérêt de la position représentée sur le diagramme n° 4 est la présence de majorités opposées. De plus la position est ouverte, et le cavalier peut difficilement trouver un point d'appui dans le centre. Malgré le gain du pion h7, les blancs succombent à cause de l'action conjointe des deux puissants fous noirs.

diagramme n°4

 22.Fh7 Fc5 23.Tf1 Fd4 24.Cd1 Tf7 25.Fc2 [25.Fg6 Tg7 ] 25....Te7 26.Ce3 Fb2 27.Td1 Td7 28.Td7+ Rd7 29.g4 les blancs essaient de mettre en valeur leur majorité. [29.f4 Fd4! gagne un pion! ] 29....Ff3 empêche le pion f d'avancer et attaque le pion g4. 30.Rf1 Ff6 31.Re1 Fg5 32.Fd1 Fc6 33.Fc2 Re6 34.Re2 Re5 35.Cf5 Rf4 36.h4 Ff3+ 37.Re1 Fg4 38.Ce3 Les blancs tentent leur chance dans une finale de fous de couleur opposée, mais la présence de pions passés sur les deux ailes rend vain leur dernier espoir. 38....Fh4 39.Cg4 Rg4 40.Re2 Rf4 41.Fg6 Fg5 42.Fe8 Re4 les blancs abandonnent. [0:1]
 
Nous concluons donc, d'après cet exemple, que la présence de majorités opposées augmente la puissance des deux fous. Remarquons également que la majorité des noirs était plus avancée que celle des blancs sur l'autre aile.
 

Petrosian Tigran V (RUS) - Larsen Bent (DEN)

Tilburg (Netherlands), It (cat.15), 1981

La position du diagramme n° 5 se distingue par l'absence de majorité. Néanmoins, les noirs qui ont la paire de fous, vont tenter leur chance.
diagramme n°5
 31.Fe2 Rf6 32.Cc4 Fe5 33.f3 L'échange du cavalier contre le fou serait mauvais à cause de la pénétration du roi noir sur l'aile- dame. Les blancs doivent rester vigilants car leur aile- dame est vulnérable. 33....Fg3 34.Fd3 Fd5 35.Rf1 h5 36.Cd2 Re7 37.Re2 h4 38.Fc4 Fb7 39.Fd3 f5 40.e4 Fc8 41.Cc4 Rf6 42.Fc2 Ff4 43.Rf2 Fd7 44.Fd3 Fe8 45.Rf1 Fh5 46.Rf2 g4 les noirs s'efforcent d'ouvrir la position.

47.fg fg 48.hg Fg4 49.Fe2 Ce coup force l'échange des fous de cases blanches ou la liquidation des pions g et h. 49....Fg3+ 50.Re3 h3 51.gh Fh3 52.a5 Les blancs s'efforcent de liquider l'aile- dame. 52....ba 53.Ca5 Fc7 54.Cc4 e5 55.Rf3 Re7 56.Ce3 Fc8 57.Cf5+ Rd7 58.Re3 Fb6+ 59.Rd3 Rc7 60.Ce7 Fe6 61.Cd5+ Rd6 62.Rc4 Ff2 63.Rb4 Fe1+ si les noirs gagnent le pion e4 par l'échange en d5, il suffit alors aux blancs d'amener leur roi en d1 et la finale de fous de couleur opposée est ingagnable. 64.Rc4 Fa5 65.Fd1 Fh3 66.Ce3 Fe6+ 67.Cd5 Fb6 68.Fe2 Fh3 69.Cb4 Fg2 70.Fd3 Ff3 71.Cd5 Re6 Et les noirs se résignèrent à la nulle. [1/2:1/2]

 

Cette partie nous montre que la paire de fous ne représente qu'un avantage symbolique dans les positions où la répartition des pions est la même sur les deux ailes. Il faut dire que Petrossian s'est admirablement défendu. L'exemple qui suit nous montre que les chances de gagner subsistent face à une défense déficiente.

 Richter - Tarrasch
Le danger pour le camp qui possède les deux cavaliers, est de se faire graduellement étouffer. Les blancs s'efforcent de conquérir des cases où les cavaliers seront suffisamment actifs
 
19...c5 20.Cg3 h5 21.f3 Fd7 22.Te2? [22.a4 était nécessaire, les blancs s'efforceraient ainsi de conquérir la case c4 pour les cavaliers. En même temps ils s'opposeraient à ce que les noirs prennent trop d'espace à l'aile- dame. ] 22....b5! 23.Tae1 Ff8! Le doublement des tours sur la colonne e est inefficace à cause de l'absence de cases de pénétration. 24.Cge4 Tg8 (…f5) 25.Cb3 Tc8 26.Ced2 Fd6 27.Ce4 Ff8 28.Ced2 f5 29.Te5 Fd6 30.T5e2 [30.Td5 Tg6! La tour blanche est en mauvaise posture. ] 30....Ta8 31.Ca5 Empêche la poussée du pion a et menace Cb7 qui réduirait à néant tous les efforts des noirs! Tab8 32.Cab3 h4 33.Rh1 Tg6

Les noirs veulent jouer c4, leur plan est donc le suivant:

- transférer le fou d6 en a7 pour protéger le pion d4

- placer le fou d7 en e6 pour empêcher une incursion des tours blanches

- 34.Rg1 Fe6 35.Tf2 Ta8 36.Tfe2? Une faute très grave! Comment peut-on tranquillement tolérer a4- a5? Tarrasch indique la variante:

[36.Ca5 Fc7 37.Cb7 Ff4 utilisant le gain de temps Fe3 pour jouer Tc8 suivi de c5- c4. Mais il n'a pas vu une défense cachée: 38.Cc5! Fe3 39.c4! Et les noirs ne peuvent pas gagner car l'aile - dame blanche est solide et les cases noires - par exemple c5 pour le cavalier - ne sont pas négligeables. Une variante plausible serait: bc 40.dc Tc8 41.b4! Tc7 42.Rf1 Ff2 43.Rf2 ± A.Nimzowitsch ]

- D'après Nimzowitsch les noirs auraient dû continuer leur plan principal, à savoir a7- a6 suivi du transfert du fou en a7.

- Il était difficile de résister à la tentative de pousser le pion en a4. Les noirs y parviennent uniquement à cause du jeu déficient de leur adversaire. 36....a5 37.Cb1 a4 38.C3d2 Les cavaliers sont maintenant complètement dominés! c4 39.Cf1 Tc8 40.Rh1 c3 41.bc dc 42.Ce3 b4 Tout va de soi- même. Les blancs abandonnèrent au 47ème coup. A. Nimzowitsch. [0-1]

 

 

Fischer Robert (USA) - Spassky Boris V (FRA)

Sveti-Stefan/Belgrade (Yugoslavia), Match, 1992

Dans la position du diagramme n° 7 nous remarquons que chaque camp dispose d'une majorité. Les blancs à l'aile - roi, les noirs à l'aile - dame. Mais la majorité des noirs est dévalorisée à cause du pion doublé sur la colonne c, qui rend extrêmement difficile la création d'un pion passé. De plus, il faut remarquer que la position est assez fermée. Il n'y a eu qu'un échange de pions, et bien que les fous disposent de belles diagonales, leurs objectifs d'attaque sont limités, en particulier à cause des difficultés de s'introduire à l'aile- dame.

 diagramme no7

19.Cce2 Re7 20.Re1 b5 21.c3 Rf6 22.h3 Les blancs manœuvrent finement. Leur plan est de chasser le fou de la diagonale d1- h5 sans avoir recours à la poussée f3. Comme on le verra plus tard, la case f3 va servir de transit aussi bien aux cavaliers qu'au roi blanc. 22....Fh5 23.Cg3 Ff7 24.Cf3 g6 25.Cf1 g5 Ce coup semble douteux car il affaiblit la case f5; Remarquons au passage la faiblesse du pion e5 qui requiert la protection des pièces. 26.Re2 Fg6 27.C3d2 h5 28.Ce3 c6 29.Rf3 Ff7 30.Cdf1 a5 31.Re2 Fe6 Les noirs peuvent difficilement pousser b5-b4, car le pion c4 deviendrait une faiblesse. Comme les noirs ne peuvent entreprendre grand-chose, il est clair que l'initiative est aux blancs, néanmoins , la position des noirs est suffisamment solide. 32.Cg3 Rg6 33.a3 Ff7 34.Cgf5 Fe6 35.Rf3 Cette possibilité témoigne de la profondeur de Fischer, car sans la case f3 les blancs seraient presque dans l'impossibilité d'entreprendre quelque chose de sérieux. 35....Fd7 36.Rg3 Fe6 37.Rf3 Fd7 38.Rg3 Fe6 39.h4 Fd7 40.hg Rg5 41.Ch4 Fg4 Cf3+ était trop désagréable, et les noirs se résignent à l'échange d'un fou. 42.Cg4 hg 43.Cf5 a4 44.f3 gf 45.Rf3 Les blancs ont obtenu un pion passé, mais le roi noir est très actif et le roi blanc ne peut s'introduire dans la position adverse. 45....Ff8 46.Ce3 Rh5 Maintenant les blancs doivent toujours compter avec la possibilité de contre - attaque noire sur la diagonale c1- h6, ce qui rend le gain plus que problématique. 47.Cf5 Fc5 [1/2:1/2]

 

Cette partie témoigne donc en faveur de la thèse que l'avantage de la paire de fous est compensé par une faiblesse dans la structure de pions. L'initiative était même du côté des deux cavaliers, cependant les fous se sont révélés être d'excellents défenseurs.

 

 

Capablanca Jose Raul (CUB) - Alekhin Alexander (RUS)

Buenos Aires (Argentina), Ch World (match), 1927

Les commentaires et analyses qui suivent sont de Alekhine.

 

diagramme no8

24.Cde2? Capablanca n'a probablement pas vu la contre-manœuvre suivante assez cachée (25 au 27ème coup). Sans cela, il n'aurait pas rejeté le coup simple:

[24.Cf5 Avec lequel on peut maintenir la puissante pression positionnelle. Si ensuite: 24....Te5 25.g4 h5? 26.f4!! Mais les blancs pouvaient renforcer leurs menaces de différentes manières, suivant le cas: " Cc3- e2- f4- f5, ou Tc1- a1- a7, etc.". Ayant les blancs, j'aurai sans doute espéré gagner la partie après 25. Cdf5. ]

24....Fd6! 25.Tc2 Fe5 A partir d'ici, et jusqu'à la fin, la menace contre le pion b2 contre-balance complètement la faiblesse du pion d5. Donc les noirs n'ont qu'à parer aux deux autres dangers (colonne a et aile-roi brisée). Cette tâche fut accomplie dans les quinze coups suivants d'une façon convaincante. 26.Tcd2 Tc7! Pare la menace ennuyeuse e4. 27.Ta1 Rg7 28.g3 Tc5! Un coup de dégagement pour le fou- roi. 29.Ta7 Tb8 30.Cd4 Rg6 31.f4 Fc7 32.Rf2 Ta5 33.Ta5 Fa5 34.g4 h5! La décision de céder à l'adversaire le pion h est justifié par le développement des choses. Autrement la menace Cdf5 serait trop grave. 35.gh+

[35.h3 Th8! ]

35....Rh5 36.Rf3 Tg8 37.Tg2 Tg2 38.Rg2 Rg4 39.h3+ Rh4 40.Cf5+ Rh5 41.Rg3

[41.Cd6 Fc3 (…d4) ]

41....Fb4 42.Cd4 Rg6 43.Rg4 f5+! Tout simplement! Effectivement, les blancs ne peuvent compter sur la conquête f5 qu'au prix de leur atout principal: le pion h. 44.Rg3

[44.Cf5? Fc8° ]

44....Rf6 45.Cf3 Fc5 46.Rf2 Fb4 47.Cg5 Fd6 48.Cf3 Fb4 49.h4 Rg6 50.Ce2 Fc8= 51.Cg3 Fe6 52.h5+ Rh6 53.Re2 Libère le cavalier de la surveillance de la brèche d2. 53....Fe7 54.Rd2 Fd8! 55.Cd4

[55.Rc3 Fa5+ avec poursuite du roi blanc sur les quatre cases de la grande diagonale, "un curieux échec semi-perpétuel"! ]

55....Fc8 56.Rc2 Fa5 57.Rd1

[57.Cdf5+ Ff5+ 58.Cf5+ Rh5 59.Cd6 Rg4! 60.Cf7 Rf3 etc. Maintenant les chances des blancs sont nulles ]

57....Fb4 58.Re2 Fd7 Partie nulle sur proposition des blancs. [1/2:1/2]

Dans la position du diagramme n°8, Alekhine reconnaît donc que les blancs ont un avantage décisif.

Il est intéressant pour nous de remarquer que les blancs disposent de la case d4, qui constitue un excellent point d'appui du centre. De plus la dislocation des pions de l'aile-roi noir donne également la case f5 aux blancs. Il convient encore de remarquer la faiblesse du pion d5 et le caractère assez fermé de la position, nous aurons vu dans les exemples précédents que les deux fous aiment les positions ouvertes.

 

Nous concluons de tous ces exemples que la paire de fous peut devenir une arme redoutable ou ne donner aucun avantage, tout dépend du caractère de la position. Il est intéressant d'observer ce que devient le concept de

La paire de fous dans le traitement des ouvertures

car il existe de nombreux débuts où l'un des deux camps n'hésite pas à se séparer de la paire de fous. L'exemple qui nous vient à l'esprit aussitôt est la célèbre défense Nimzowitsch.

 

 

1.d4 Cf6 2.c4 e6 3.Cc3 Les blancs menacent de jouer e4. Pour les empêcher les noirs investissent l'important fou roi.
Après 4.a3 (la variante Saemisch) les noirs sont quasiment forcés de se départir du fou b4 en jouant FxCc3, et les blancs obtiennent la paire de fous.

Comment se fait-il que Nimzowitsch, pourtant conscient du danger que représente la paire de fous, ait inventé cette ouverture?

En fait, Nimzowitsch semble privilégier au concept de la paire de fous un autre concept : celui de la lutte pour le contrôle des cases centrales, en l'occurrence le contrôle de la case e4. Nimzowitsch ne s'était pas trompé, et cette défense est aujourd'hui considérée comme l'une des meilleures. Cependant, elle est très difficile à jouer, et dans beaucoup de variantes les fous peuvent devenir très forts. Les noirs doivent rester vigilants. En général, les compensations qu'ils obtiennent pour la paire de fous sont soit une initiative durable, soit la création de faiblesses dans la structure de pions adverse. Ainsi la pratique a démontré par exemple dans la variante Saemisch que les noirs obtiennent un bon contre-jeu grâce aux pions doublés sur la colonne c.

L'exemple suivant est instructif à ce sujet.

 

1.e4 e5 2.Cf3 Cc6 3.d4 ed 4.Cd4 Cf6 5.Cc3 Fb4 6.Cc6 bc 7.Fd3 d5 8.ed cd 9.O-O O-O 10.Fg5

diagramme n° 10

 Dans cette position les noirs peuvent doubler les pions sur la colonne c en jouant : 10....Fc3 L'encyclopédie des ouvertures considère pourtant que cet échange favoriserait les blancs. En effet, les blancs obtiennent ainsi la paire de fous dans une position très ouverte. De plus, les pions doublés ne sont pas sur une colonne ouverte, leur faiblesse est donc moins sensible.

La théorie préfère les coups:

[a)10...Fe6 ]

[b)10...c6 11.Df3 Fe7 et les noirs devraient obtenir une position satisfaisante. ]

Ce dernier exemple nous montre que l'on ne peut pas raisonner de façon systématique, et conclure par exemple qu'une faiblesse dans la structure de pions compense toujours l'avantage de la paire de fous. Les choses ne sont pas si simples. Il faut prendre en considération les autres facteurs de la position, par exemple dans celle représentée par le diagramme n° 10, le caractère ouvert est un élément important. Dans la variante Saemisch de la défense Nimzowitsch la position est au contraire assez fermée.

 

Jusqu'ici les positions que nous avons observées étaient surtout des finales, mis à part le dernier chapitre, consacré aux ouvertures. Cependant la paire de fous peut également être une arme redoutable dans le milieu de partie.

Les fous de Horwitz

Le chapitre qui suit est tiré du livre de Nimzowitsch "Mon système".

"On appelle ainsi deux fous qui occupent deux diagonales voisines (par exemple Fb2 et Fd3) et canonnent de concert le roque ennemi." Leur effet est souvent décisif : un fou force un coup de pion adverse qui ouvre le champ à l'autre (diagramme11)

diagramme no11

1.De4 force le coup affaiblissant g6, sur quoi le fou f2 aura une action décisive.1....g6 2.Fd4+ [1-0]
 
Le processus est semblable dans la partie qui suit:

1.e4 e5 2.d4 ed 3.c3 dc 4.Fc4 cb 5.Fb2 Fb4+ 6.Cc3 Cf6 7.Cge2 Ce4 8.O-O Cc3 9.Cc3 Fc3 10.Fc3 O-O les noirs ont roqué et se sentent armés jusqu'aux dents mais ils ont oublié la collaboration des fous de Horwitz!

11.Dg4!! [11.Dd4 Dg5 ] 11....g6 et maintenant seulement 12.Dd4 avec un mat inévitable. Le rôle du fou c4 est évident, il cloue le pion f7. [1-0]
 

 

 

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